Newsletter de l'UNAPL Occitanie - N° 21 - Décembre 2020


 
TEMOIGNAGE

Quand l’activité cesse brutalement

Nombre de libéraux ont été touchés de plein fouet par les confinements qui ont provoqué un fort ralentissement immédiat de leur travail, parfois même une cessation temporaire. C’est le cas notamment de professionnels du secteur technique et du cadre de vie. L’un des leurs, Alain Nicolas, ingénieur-conseil, témoigne.

Il n’est pas confortable par les temps présents d’être ingénieur-conseil prestataire de service pour les grandes entreprises. Avec un premier confinement décrété soudainement et un second qui a été longtemps peu prévisible, l’avenir peut devenir très gris et être dominé par les incertitudes et les paradoxes issus des dispositifs d’aide et de soutien souvent peu lisibles, fréquemment inadaptés à la diversité du secteur libéral.

Ingénieur-conseil depuis quarante ans, Alain Nicolas est aujourd’hui au cœur de cet inattendu imbroglio dont il espère sortir indemne. Son activité est principalement dépendante de grands groupes mondiaux. Il intervient dans le domaine des processus de gestion de la production et de leur informatisation dans le cadre de l’application d’un logiciel allemand SAP qui traite 90% des flux d’entreprises, aussi bien de l’industrie que de la grande distribution.



 

Alain Nicolas
Alain Nicolas
"Mon activité, explique Alain Nicolas, est très dépendante des investissements des entreprises en direction des gains de productivité. Le premier confinement a stoppé net tous les investissements. Conséquence : en 2019 je recevais deux à trois contacts par jour proposant des missions. Puis je n’en ai eu que trois dans les trois premiers mois de la crise sanitaire et aujourd’hui plus aucun. Il me restait heureusement quelques missions de longue durée, ce qui me permet de maintenir un minimum de travail, en espérant une reprise, très certainement lente et progressive dans les premiers mois de 2021."

Ce type de situation met en exergue les spécificités d’un libéral soumis au régime recettes/dépenses et aux lois du marché.

"Lors du premier confinement, précise Alain Nicolas, les aides ont été accessibles aux entreprises dont les chiffres d’affaires étaient en berne pour les mois de mars et avril, donc pour des facturations de janvier et février. Résultat : pas de baisse de chiffre d’affaires du fait du décalage des paiements et donc pas d’aide ! Lorsque l’activité repartira, il y aura le même décalage en raison des paiements à soixante jours. En me projetant sur un an, soit sur la période mars 2020/février 2021 je n’aurai eu que vingt jours de travail, soit 10% de mon activité normale."

Quant au prêt garanti par l’Etat, Alain Nicolas est circonspect, car il craint des difficultés de remboursement qui pourront survenir du fait de la baisse des prix à prévoir. Selon lui, nombre de salariés licenciés par les grandes entreprises devront se reconvertir en prestataires indépendants et libéraux, ce qui induira une concurrence accrue avec des taux de facturation en baisse de 30 à 40%. Il y aura plus d’offres que de demandes dans une période où l’investissement ne repartira que lentement… Fort de son expérience, Alain Nicolas reste cependant patient et optimiste.